L'amour des terroirs est-il de droite ou de gauche ?
Une France déchirée, entre quêtes identitaires et affirmation des valeurs progressistes
Samuel GRZYBOWSKI/Activiste et entrepreneur social & Jean de LEGGE/Ancien directeur de la communication de Rennes-Métropole
/ EN RESUME
Consultant auprès des collectivités locales puis directeur de l’information et de la communication de Rennes et de Rennes Métropole, Jean de LEGGE a une bonne connaissance de la vie locale et municipale. Il sait le lien qui unit cohésion sociale, sentiments d’appartenance et croyances identitaires. Il constate la nécessité d’organiser la croyance, l’appartenance et la confiance dans « la collectivité locale » qui est pour les habitants une identité constituante.
« Fabriquer des habitants » nécessite l’invention et le partage d’une rhétorique identitaire commune, celle de la description positive du territoire et de son histoire.
Face à l’éclatement du corps social en multiples tribus affinitaires ou en longues solitudes, les récits identitaires créent du commun. Il est utile de faire croire aux habitants qu’ils sont les héritiers d’une histoire locale particulière. Le récit identitaire exhumera « les ancêtres qu’il nous faut » et construira la croyance en un esprit des lieux, voire en « une âme du territoire ».
Pour Jean de LEGGE, les discours identitaires sont consubstantiels à l’existence de toute collectivité territoriale, ce sont des propagandes nécessaires mais les croyances que véhiculent ces discours et l’histoire qu’ils racontent doivent aussi être critiqués et nourrir la vie démocratique de l’espace public local.
Samuel GRZYBOWSKI croit aux particularismes des terroirs et aux vertus de l’enracinement. Il perçoit dans les terroirs une authenticité des rapports sociaux, des modèles de modes de vie et des rapports de production qui devraient inspirer la gauche. Il appelle au renouveau de la gauche depuis les terroirs. Car que ce soit autrefois chez les sardinières de Douarnenez ou aujourd'hui à Sivens, défendre les terroirs comme identités vivantes ce n'est pas faire le lit du repli sur soi. Au contraire, c'est participer au renouveau de la gauche, qui devrait y voir une ressource féconde.
Jean de LEGGE et Samuel GRZYBOWSKI ont en commun leur connaissance de la vie locale et leur intérêt pour la politique mais le débat sera vif quant au sens à donner aux pratiques des acteurs de terroirs et des collectivités territoriales.
/ EN PRATIQUE
Une "soirée-palabre", autrement dit une causerie ponctuée par un dîner au cours duquel le public peut échanger et aiguiser ses questions :
/ 18h00-19h30 : Echange entre les deux auteurs
/ 19h30-20h30 : Dîner partagé
/ 20h30-22h00 : Echange avec le public
/ LES INVITES
Samuel GRZYBOWSKI est activiste et entrepreneur social. Cofondateur de l'association COEXISTER, mouvement de jeunesse et d'éducation populaire pour la laïcité, il a aussi œuvré pour l'union de la Gauche à travers la Primaire populaire et le Nouveau Front Populaire. Directeur général d'une coopérative de tiers-lieux écologiques et solidaires, il enseigne à Science Po. et à l'ESSEC.
Jean de LEGGE, qui a dirigé la communication de la ville de Rennes et de Rennes Métropole, est l’auteur de plusieurs ouvrages, dont Sondage et démocratie (Flammarion, 1998) et Influencer la démocratie, démocratiser l’influence (collectif, Afcap, 2004). Il a livré le récit de son expérience douce amère de la valorisation des identités locales dans un ouvrage qui agita le Landerneau politique breton : Les propagandes nécessaires. Eloge critique de la communication locale (Le Cherche-midi, 2014). Plus récemment, il a livré aux éditions Ouest-France ses Gravures anciennes, une fresque autobiographique de la modernisation des sociétés rurales et de la fin des notables. Engagé en faveur de l'insertion des sans-abris et de l'accueil des migrants, Jean de LEGGE est par ailleurs vice-président de l'association Saint-Benoît-Labre à Rennes et Président du SIAO 35 (logement d'urgence) et membre du comité d'animation de l'Abbaye.