Les religions menacent-elles la République ? Table-ronde sociétale n°1
Rencontre interreligieuse organisée par les Amis de la Vie, Hermeneo, Coexister, la Coordination interreligieuse du Grand Paris (CINPA) et l’Abbaye de Saint-Jacut-de-la-Mer. Lois contre le séparatisme (pour le « renforcement des principes républicains »), fermeture de mosquées et dissolution d’associations qualifiées d’islamistes, tentation de déclencher une guerre symbolique contre l’islam, interdiction de publicité sur les radios publiques pour des organisations religieuses comme l’Œuvre d’Orient, difficulté pour la République à donner une place au fait religieux, toutes confessions confondues, comme si les religions constituaient en soi une menace contre la paix civile… Oui, il faut bien le reconnaître, dans la société française actuelle les religions n’ont pas seulement mauvaise presse. Elles font peur. Causes de conflits et de violences pour les uns, sources d’obscurantisme pour les autres, elles représentent pour beaucoup un obstacle à la cohésion sociale et une menace pour notre sécurité publique. Les institutions religieuses ne sont pas les seules en cause. En effet, la spiritualité peut elle-même apparaître comme un anachronisme, une sorte de vestige du passé, qui ne pèse plus grand chose face à la marchandisation du monde et face aux exigences de la société de consommation. L’ouverture des centres commerciaux en période de confinement, semble bien plus « essentiel » que l’ouverture des lieux de culte ou des espaces de méditation. Ce qui compte aujourd’hui, c’est d’être d’abord et avant tout un citoyen « sans étiquette » (pour reprendre une expression utilisée aujourd’hui par les tenants d’une laïcité de combat qui entend exclure les religions du champ social). Pour ces militants, la laïcité ne doit plus être la neutralité de l’Etat, mais la neutralisation des individus. Il s’agit pour eux d’œuvrer à l’émergence d’une société où les personnes n’auraient plus de convictions singulières. Certes, la diversité des convictions pourrait encore exister, mais à condition qu’elle reste dans l’intime, le privé, le caché. Finalement, nos diversités religieuses ou spirituelles sont-elles un obstacle à la cohésion sociale de notre pays, une menace pour nos libertés ? Peuvent-elles au contraire représenter une chance ? Quel rôle pourrait jouer une laïcité bien comprise pour permettre à chacun, croyant ou non, religieux ou athée, de contribuer à construire une société plus unie. D’autres modèles sont-ils possibles ou souhaitables, alors… Première table-ronde sociétale, « à la lumière du droit », tenue le samedi 30 janvier 2021 au siège de Coexister, animée par Laurent Grzybowski, journaliste à l’hebdomadaire La Vie, avec la participation de : - Valentine Zuber : historienne, spécialiste de l’histoire de la liberté religieuse en Europe occidentale et de la laïcité en France et dans le monde - Daniel Verba : sociologue, maître de conférence de sociologie à l’université Sorbonne Paris Nord - Lucie Roche, formatrice à Convivencia, spécialisée sur le fait religieux en entreprise - Nicolas Cadène, rapporteur général de l’Observatoire de la laïcité